"Un jour, ma vie s’assombrit, et fuyant vers la paix lumineuse, je partis pour les îles oubliées".
Peintre et écrivain voyageur du XIXème siècle, Gaston Vuillier est injustement oublié aujourd’hui. Né à Perpignan en 1845 d’une famille originaire de Franche-Comté, il grandit dans les Pyrénées. Après son baccalauréat, il étudie le droit à Aix-en-Provence et entre dans l’étude d’un notaire marseillais. En fait, il s’intéresse davantage au dessin et à la peinture, et s’inscrit à l’École des beaux-arts de Marseille. En 1870, il est engagé comme lieutenant dans l’armée de la Loire et se retrouve un an plus tard à Oran en Algérie où il restera six ans. C’est sans doute là qu’il découvre un autre monde auquel les peintres orientalistes de l’époque étaient depuis longtemps très sensibles. Il remplit ses carnets de notes et de dessins. De retour en France en 1876, il s’installe à Paris où il apprend la peinture auprès d’Emmanuel Lansyer, un élève de Courbet. Deux ans plus tard, il présente ses premières toiles de paysages provençaux et limousins au Salon des artistes français. Il est alors approché par la maison d’édition Hachette qui lui propose un poste d’illustrateur de revues, d’abord Le magasin pittoresque, puis Le Monde illustré pour lequel il sera portraitiste de personnalités célèbres tels Delacroix et Victor Hugo, et enfin Le Tour du monde dont il devient en une dizaine d’années un des collaborateurs réguliers. L’écrivain voyageur développe son propre style, teinté du romantisme de l’époque, autant pour le texte que pour les images. Il écrit à la première personne, décrit et dessine ce qu’il voit, paysages, monuments et personnes rencontrées, en donnant libre cours à ses émotions. Amoureux des pays méditerranéens, il les aborde en ethnographe soucieux d’en décrire précisément les traditions populaires. Au fil du temps, il signe des reportages illustrés de plus en plus approfondis sur les pays visités : Baléares, Corse, Malte, Sardaigne, Sicile et Tunisie. Paysagiste et conteur, Vuillier n’aura de cesse de construire une œuvre très personnelle qui, selon lui, doit laisser au lecteur une impression plutôt qu’une simple liste de sites à visiter. Les reportages publiés dans Le Tour du Monde seront édités sous forme de livre : en 1888, Voyage aux îles Baléares, en 1893, Les îles oubliées : Les Baléares, la Corse et la Sardaigne. Impressions de voyage illustrées par l’auteur, et en 1896, La Sicile, impressions du présent et du passé.