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Libera Terra en Sicile
Centopassi
Qu’en reste-t-il aujourd’hui ? Un Mémorial et une trace indélébile dans la mémoire collective des Siciliens, malheureusement ravivée à chaque nouvel attentat mafieux perpétré dans l’île après le 1er mai 1947. Le Mémorial, réalisé en 1979 et 1980 par le peintre et sculpteur italien contemporain Ettore de Conciliis, est là pour rendre hommage aux victimes et pour dénoncer la terreur que fait régner la mafia. En arrivant sur le site, le parc de stationnement étant en contre-bas, nous voyons des mégalithes levés comme sur les lieux de culte celtes. L’artiste a voulu sacraliser le lieu du massacre en le laissant ouvert sur le paysage. Ainsi, la mémoire reste en prise avec la nature, aucun monument à caractère religieux ou groupe de statues ne venant l’enfermer. Le terrain est légèrement en pente, herbeux et pierreux, délimité par un muret en pierre sèche qui dessine un grand cercle.
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Au centre, comme une blessure pérenne infligée à la terre, dans l’axe du tir meurtrier venu de la montagne attenante, court un muret en pierre sèche flanqué d’une draille (trazzera en sicilien). Long d’environ quarante mètres, il partage le terrain en deux parties à peu près égales. A gauche, quelques marches en pierre mènent à une terrasse tandis qu’à droite la pente est continue. De part et d’autre du muret, sur environ un kilomètre carré, où sont tombées les victimes du massacre, se dressent de grands mégalithes de deux à six mètres de haut qui ont été dégagés de la roche calcaire locale. L’un d’eux se nomme le "rocher de Nicola Barbato", d’où le célèbre médecin psychiatre et politicien socialiste d’origine albanaise haranguait la foule.
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Des pierres couchées symbolisent les corps tombés, reproduisant des formes humaines et animales. Sur deux mégalithes sont gravés en lettres rouge sang les noms des victimes et un poème. Un nouveau mégalithe devrait être installé, où sera inscrit un poème albanais en mémoire de la minorité ethnolinguistique touchée par le massacre.
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Mis en perspective, l’association Libera Terra-Centopassi et le Mémorial de Portella della Ginestra montrent le chemin parcouru dans les mentalités depuis le massacre du 1er mai 1947. Le mouvement Libera constitue une forme de réparation et rend hommage à toutes les victimes de la mafia, Falcone, Borsellino, dalla Chiesa, Peppino et tant d’autres encore. Ce sont des lieux de mémoire selon le concept historique développé par Pierre Nora et ses collaborateurs dans l’ouvrage "Les Lieux de Mémoire" paru entre 1984 et 1992. (1)
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Le jour où nous sommes allés au Mémorial, c’était après la visite du vignoble Centopassi et de l’agritourisme Portella della Ginestra. Une belle fin d’après-midi, le site était baigné d’une douce lumière rasante.
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Nous étions seuls, et seul le chant des oiseaux rompait le silence de cette fin de journée.
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Nous y sommes retournés le lendemain, en milieu d’après-midi cette fois, après avoir randonné de la Piana degli Albanesi jusqu’à la cime de la Pizzuta, le temps de faire quelques photos des mégalithes, pour ne pas oublier. Andrée Houmard-Letendre, avril 2017 (1) "Un lieu de mémoire dans tous les sens du mot va de l’objet le plus matériel et concret, éventuellement géographiquement situé, à l’objet le plus abstrait et intellectuellement construit ". Les lieux de mémoire se réfèrent à l’histoire collective. |
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