C’est ainsi, qu’à l’école, nous nous représentions l’enfer de Dante. Je commençai, moi aussi, à descendre par un chemin muletier de cercle en cercle. Le sentier extrêmement étroit qui descendait en serpentant passait sur les toits des maisons, si on peut les appeler ainsi. Ce sont des grottes creusées dans la paroi d’argile durcie du ravin, chacune d’elles a une façade sur le devant, certaines sont même belles, avec de modestes ornements du XVIIIème siècle.(…) C’est par cet espace étroit entre les façades et la paroi que passe la route qui est en même temps un toit pour ceux qui habitent en dessous. Les portes étaient ouvertes à cause de la chaleur. Je regardais en passant et j’apercevais l’intérieur des grottes, qui ne voient le jour et ne reçoivent l’air que par la porte. Certaines n’en ont même pas, on y entre par le haut, au moyen de trappes et d’échelles. Dans ces trous sombres, entre les murs de terre je voyais les lits, le pauvre mobilier, les hardes étendues. Sur le plancher étaient allongés les chiens, les brebis, les chèvres, les cochons. Chaque famille n’a, en général, qu’une seule de ces grottes pour toute habitation et ils y dorment tous ensemble, hommes, femmes, enfants et bêtes. Vingt mille personnes vivent ainsi.