Les Eoliennes polychromes - Passeggiate - Randonner hors des sentiers battus

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Les Eoliennes polychromes

Carnets de voyage

Noir, jaune, ocre, brun, rouge, violet, vert…, les Iles Eoliennes n’en finissent pas de nous étonner par leurs multiples couleurs qui se détachent sur le fond bleu de la mer et du ciel confondus ! 
L’archipel des Eoliennes comprend sept îles volcaniques faites d’une alternance de falaises tombant dans la mer et de petites criques, paysage minéral riche en couleurs, façonné par la mer, le vent et les soubresauts de la terre, et pourtant riche en végétation.
 
Fin avril 2015, nous étions treize voyageurs de Passeggiate à partir dans les Eoliennes, une première pour plusieurs d’entre nous, une belle découverte !
Basés à Lipari, nous avons pu randonner dans toutes les îles en effectuant les liaisons par bateau. Une semaine exceptionnelle marquée par la bonne ambiance du groupe guidé par Angelo Frangipani.

MER ET TERRE, BLEU ET…
JAUNE : VULCANO
Dans la mythologie antique, l’île de Vulcano était dédiée à Vulcain, le dieu du feu. Elle était aussi la demeure d’Eole, le dieu des vents. Entre le feu et le vent, il n’en faut pas plus pour nous rappeler que le grand cratère central de ce volcan désertique assoupi est toujours actif avec ses fumerolles et ses amas et émanations de soufre. Quelques-uns d’entre nous ont même exploré les bains de boue au doux parfum sulfureux…
Angelo Frangipani
 
Vulcano et ses fumerolles
Vulcano, amas de soufre
 
VERT : SALINA
Salina, l’île verte, porte le nom de l’ancienne mine de sel de Lingua aujourd’hui fermée. Située au nord-ouest de Lipari, c’est la deuxième île de l’archipel par sa taille. Elle culmine à 962 mètres. Essentiellement couverte de maquis, elle est la plus fertile et la plus luxuriante des Eoliennes. On y cultive des câpres et une précieuse vigne dont on tire un vin très doux, la Malvasia delle Lipari.

VERT ET NOIR : PANAREA, ALICUDI ET FILICUDI
 
Panarea, la plus petite des Eoliennes, est entourée de falaises et de rochers de lave noire. Alicudi, la plus occidentale, doit son nom à une variété de bruyère (ericusa en sicilien) et Filicudi doit le sien aux nombreuses fougères qui la couvraient autrefois. Sur le promontoire de Capo Graziano s’étendent les vestiges de deux villages préhistoriques datant du premier âge de bronze (première moitié du IIème millénaire avant J.-C.). Des objets provenant de ces sites sont exposés au musée archéologique de Lipari.
 
Alicudi
Filicudi
Filicudi, vestiges préhistoriques
 
ROUGE, OCRE ET VIOLET : LIPARI
Le jour où nous devions visiter Stromboli, le vent et la mer se sont ligués contre nous. Bien leur en a pris ! Nous sommes donc restés à Lipari. Le matin, visite des carrières polychromes de kaolin au nord-ouest de l’île où des fumerolles attestent de l’activité persistante du volcan endormi.
 
Lipari
Lipari, le grand port
Pointe sud de Lipari
 
Les carrières de kaolin
 
Les couleurs du kaolin
 
NOIR, BLANC,,JAUNE, ROUGE ET BLEU : LE PEINTRE DE LIPARI
L’après-midi, temps libre. Une belle occasion de visiter la vieille ville entourée de remparts, la cathédrale San Bartolomeo et, à deux pas, le musée archéologique éolien Luigi Bernabò Brea dont les riches collections illustrent l’histoire des peuples qui se succédèrent sur l’archipel depuis la préhistoire jusqu’à l’aube de l’ère moderne.
Installé dans une partie de l’ancien château bâti par les Espagnols vers 1560 suite au pillage de la ville par les Sarrasins quelques années plus tôt, le musée est divisé en six sections dédiées respectivement à la préhistoire, à l’épigraphie des sarcophages et stèles funéraires en pierre du Vème au 1er siècle avant J.-C., à la vulcanologie, à la paléontologie du quaternaire et enfin à l’époque classique grecque et romaine dont les collections déployées sur trois niveaux proviennent de fouilles sous-marines et de nécropoles.
C’est là que j’ai rencontré le Peintre de Lipari à travers les œuvres qu’il a laissées. Une merveille d’inventivité à l’époque où prédominaient les cratères et vases attiques aux scènes mythologiques ou d’inspiration théâtrale qui associent des figures rouges sur fond noir ou parfois blanc, ou encore des figures noires sur fond rouge. Qu’a donc fait ce peintre ? Il a introduit d’autres couleurs. Comment ? Tout simplement en complétant la technique de fabrication traditionnelle "dite à figures rouges" par l’ajout de couleurs (blanc, jaune, rouge, bleu) appliquées en détrempe après la cuisson. Les figures qui représentent probablement l’âme rencontrant la divinité appartiennent en grande partie au monde féminin. Des céramiques figurées polychromes exceptionnelles !
Le Peintre de Lipari n’était pas seul. Il a eu des élèves et des successeurs tels le Peintre du foulard blanc, le Peintre de la Colombe et le Peintre de Falcone, pour n’en citer que quelques-uns. Toutes les pièces exposées font partie de mobiliers funéraires de la première moitié du IIIème siècle avant J.-C.
Mais ce n’est pas tout ! Les fouilles de la nécropole de Lipari ont aussi livré un ensemble exceptionnel de statuettes et de petits masques en terre cuite très expressifs représentant les thèmes théâtraux, la tragédie, le drame satyrique, la comédie antique et la comédie nouvelle, datant du début du IVème siècle et de la première moitié du IIIème siècle avant J.-C. De quoi inspirer les passionnés de théâtre !
NOIR : STROMBOLI
La veille de notre retour à Paris, beau temps, mer calme, nous avons pu nous rendre à Stromboli. Quatre heures de navigation, quatre heures entre ciel et mer, le temps de contempler le paysage marin, de lire et de se préparer mentalement à gravir le volcan mythique. En fin de journée, avec d’autres Français et un guide du parc, nous commençons l’ascension. Deux heures, à pas lent, pour atteindre le sommet à la tombée de la nuit. La très belle lumière change tout doucement, devient plus enveloppante, allonge les ombres. Et enfin la cime qui s’offre à nous au soleil couchant ! Les reliefs noirs des pentes de cendre et d’obsidienne se détachent sur les chaudes couleurs du crépuscule. Ce jour-là, Stromboli n’était pas au mieux de sa forme mais il nous a permis de le gravir sans inquiétude. Le spectacle était grandiose ! Belle descente dans les cendres et l’obscurité sous le clair de lune et le faible éclairage de notre lampe frontale. Une expérience rare ! 
Traversée vers Stromboli
Stromboli
Le Stromboli au crépuscule
Nous n’avons pas marché sur la lune, nous avons fait mieux, nous avons suivi les traces d’Alexandre Dumas. Impossible de rester indifférent devant les Iles Eoliennes ! Et encore, elles ne nous ont pas tout dévoilé. Imaginons ce que ces terres aux multiples contrastes peuvent nous offrir comme palette de couleurs selon les saisons, imaginons ce que les fonds marins recèlent encore en vestiges des civilisations anciennes. Heureux qui comme Ulysse a fait un beau voyage…

Andrée Houmard-Letendre



 
 
 
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